"Ce n’était pas du tout la situation d’aujourd’hui": condamné pour un recours aux CDD abusif, cet hôpital de Menton assure avoir retrouvé l’équilibre dans ses effectifs

L’hôpital La Palmosa a récemment été sous les projecteurs, après que le tribunal administratif de Nice l’a condamné pour avoir fait signer 47 contrats à durée déterminée (CDD) à une ancienne infirmière.
Arrivée à la tête de l’établissement en mars 2021, soit au terme de la période de onze ans dont il est question, Mylène Ezavin souligne que le fait de ne pas avoir renouvelé le dernier CDD de la professionnelle a été considéré par la justice comme un licenciement.
Aussi l’établissement mentonnais a-t-il eu pour seule injonction de verser une indemnité correspondante, sans que le tribunal ne retienne le préjudice moral.
"Ce n’était pas du tout la situation d’aujourd’hui. À l’époque, l’hôpital manquait cruellement d’infirmiers. Les CDD étaient des vacations. Et cette personne n’a jamais souhaité être intégrée au statut de la fonction publique hospitalière", pose la directrice. Précisant que de tels contrats ne sont plus du tout monnaie courante.
"Environ 90% des professionnels sont, à ce jour, des titulaires. Tous les infirmiers le sont, eux", commente-t-elle. L’objectif zéro CDD ne pourra cependant jamais être atteint. Car il y en a besoin pour des remplacements ponctuels. Et parce que certains professionnels ne veulent pas entrer dans la fonction publique, ni être cédéisés. "Il y a un grand besoin d’indépendance de la part de certains – souvent les jeunes."
Reste que depuis quatre ans, un gros travail a été mené – sous la conduite de la DRH, Stéphanie Trombetta, et en concertation avec les organisations syndicales – pour fidéliser au maximum. Alors que l’hôpital de Menton compte 550 agents, 20 ont ainsi été titularisés en 2023, 38 en 2024, tandis qu’une vingtaine est en cours en 2025. Et ce, tous grades confondus.
"L’objectif, c’est vraiment de pérenniser les postes en place, ce n’est pas dans notre intérêt qu’ils soient précaires", résume Mylène Ezavin. Les équipes misent même sur l’anticipation. "On se rend dans les instituts de formation en soins infirmiers en proposant des contrats pour financer les études des jeunes professionnels, en contrepartie d’un engagement de servir pendant quelques années." Quatre personnes sont concernées en ce moment.
Une équipe de remplaçants"Depuis novembre 2024, nous avons atteint le zéro poste vacant. Il y a même plus d’infirmiers que de postes, car nous avons fait un pool de remplacement, composé de 5 ou 6 professionnels qui peuvent venir en renfort quand il y en a besoin", complète la directrice. Consciente qu’un trop grand nombre de postes d’infirmiers vacants aboutit irrémédiablement au risque de fermer des services.
"On favorise par ailleurs la nouvelle réforme qui consiste à former les infirmiers en pratique avancée, de manière à ce qu’ils occupent ensuite un rôle susceptible de soulager les activités médicales. Cela redonne du temps médical aux médecins, permet une réorganisation des tâches, et représente quelque chose d’attractif pour les infirmiers." En 2023, une infirmière a ainsi été envoyée en formation de deux ans à la fac de Nice.
Et bonne nouvelle: elle vient de réintégrer La Palmosa en spécialité urgence – désormais en mesure de fluidifier les circuits, et autorisée à suturer.
"L’an dernier, il n’y avait pas de candidat intéressé. Mais cette année, on en envoie un en spécialité maladie chronique: traitement du diabète, insuffisance rénale chronique… Et à l’inverse, nous sommes terrain de stage pour l’université. On a donc des infirmiers en pratique avancée qui viennent chez nous." Dont un en gériatrie, actuellement.
Et les effectifs du côté des médecins? "Nous avons tout ce qu’il faut. La filière gynéco a été bien structurée, avec deux médecins à temps plein et l’appui du CHU de Nice sur les hyperspécialités. En 2026, on va par ailleurs embaucher une jeune, grande spécialiste de la PMA. Elle fera une partie gynéco tout-venant et elle sera la permanente de la PMA pour l’est du département."
En chirurgie, la permanence des soins est également assurée, tant pour l’orthopédique que pour la viscérale. De même, l’hôpital est "bien doté" en anesthésistes.
"Pour ce qui est des urgentistes, on est à plein. Ce qui est assez rare", indique Mylène Ezavin. Pointant une seule difficulté pour eux: le lien avec l’imagerie.
"Nous avons quatre praticiens à plein temps; il en faudrait plus. Mais en 2022, pour les soulager, nous avons mis en place la téléradiologie. La nuit, et en garde, nous avons recours à une société pour que les urgentistes puissent être rassurés. Ils obtiennent un diagnostic rapide. Ce qui est avantageux, c’est que cette société a des hyperspécialistes. Cela ne remplace évidemment pas une présence sur place, et il y a toujours une relecture par les médecins radiologues, le matin, pour être sûr que tout va bien", détaille la directrice. Qui espère pouvoir accueillir un nouveau radiologue sous peu.
Nice Matin